Échange – Périgueux et Amberg 2026
Périgueux et Amberg ont célébré les 60 ans d’harmonie qui se sont tissés entre leurs deux villes avec un concert festif réunissant deux chœurs. L’Ensemble Vocal de Périgueux est venu du Périgord, tandis que l’Amberger Chorgemeinschaft a chanté pour Amberg.
L’Ensemble Vocal de Périgueux, qui fête cette année ses 70 ans, a ouvert le concert festif sous la direction d’Anne Maugard, célébrant ainsi officiellement le 60e anniversaire du jumelage entre Amberg, dans le Haut-Palatinat, et Périgueux, à 1 200 kilomètres plus au sud-ouest. L’ensemble français a présenté principalement des œuvres de compositeurs français de différentes époques, accompagnées avec sensibilité et fluidité au piano par Claire Marin.
Les deux chœurs ont offert un magnifique aperçu des traditions chorales de leurs pays, choisissant principalement des œuvres de compositeurs français et allemands. L’Ensemble Vocal a ouvert le concert avec deux répons de Noël de Johann Michael Haydn : dans « Hodie nobis » (n° 2) et « Beata viscera Mariae Virginis » (n° 7), le texte, interprété de manière intelligible grâce à son homophonie, exprimait la joie du conte de Noël en croches entraînantes. Le célèbre Requiem, op. 48, de Gabriel Fauré, était présenté en deux extraits : l’Ensemble Vocal a interprété l’ouverture (1. Introit & Kyrie) et la conclusion « Libera me » (n° 6) avec une dynamique maîtrisée, permettant aux mélodies gracieuses et à l’harmonie flottante de déployer le message réconfortant de l’œuvre.
Claude Debussy a composé sa « Romance » sur un poème de Paul Bourget racontant l’histoire d’une femme au cœur brisé se demandant pourquoi elle avait été abandonnée par son amant.

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Peter Ringeisen
Henri Duparc, de la même époque que Debussy et Fauré, a inspiré « La vie antérieure » d’un poème de Charles Baudelaire. Ce chant est considéré comme le summum de la chanson française grâce à la parfaite alliance entre texte et musique. L’Ensemble Vocal a su exprimer avec douceur et puissance ce contenu exotique, où l’âme lyrique aspire à une vie passée aux splendeurs orientales. « O magnum mysterium » de Morten Lauridsen est devenu un classique de la musique chorale moderne. Sous la direction précise et élégante d’Anne Maugard, le chœur français lui a donné un caractère mystique et mystérieux, créé par l’interaction de passages calmes et de dissonances surprenantes.
La première partie s’est conclue par une autre œuvre de Gabriel Fauré : « Cantique de Jean Racine », op. 11, une composition de jeunesse où le génie de Fauré était déjà manifeste. L’Ensemble Vocal a offert de longues mélodies flottantes, alliant un langage harmonique à la fois romantique et précis à une touche élégante et moderne, un souffle et une sonorité qui ont enthousiasmé le public. Après l’entracte, la Chorale d’Amberg a interprété la deuxième partie, avant que les deux chœurs ne chantent ensemble à la fin. Dieter Müller avait sélectionné des œuvres chorales romantiques et modernes de compositeurs allemands et germanophones (à une exception près). Le célèbre hymne « À la musique » de Franz Schubert a ouvert le concert, louant la musique comme force réconfortante et libératrice. La Chorale a ensuite présenté « Six chants à chanter en plein air » de Felix Mendelssohn-Bartholdy – des compositions chorales romantiques caractérisées par leur proximité avec la nature, leur inspiration poétique et leur esthétique simple et populaire. Dieter Müller avait composé un arrangement pour piano, interprété avec précision et habileté par Ludmila Portnova. L’œuvre de Müller « Mondbeglänzenzte Zaubernacht » (Une nuit magique au clair de lune), dans laquelle un texte du poète romantique Ludwig Tieck exprime, dans le langage musical de l’époque moderne, l’admiration pour la beauté naturelle et le désir de sécurité, représentait un exercice d’équilibre entre romantisme et modernité.
Cette vision de la beauté de la nature a servi de lien avec « Aurores boréales » du compositeur norvégien Ola Gjeilo, qui explore la magie des aurores boréales dansantes, utilisant de manière inhabituelle le texte latin du Cantique des Cantiques : « Pulchra es, amica mea ». La Chorale d’Amberg a maîtrisé avec brio les exigences de cette œuvre, qui joue avec les dissonances et les entrées franches. Cette œuvre et les deux suivantes ont été chantées a cappella. Deux lieder de Johannes Brahms ont été interprétés dans une fascination typiquement romantique, mêlant nostalgie et lassitude du monde, parfaitement adaptés à l’atmosphère « dans un doux bruissement » : « In stiller Nacht » (Dans la nuit tranquille) et « Waldesnacht » (Nuit en forêt).
Cette section s’est conclue par la mise en musique par Robert Schumann d’un poème d’Emanuel Geibel, « Im Schatten des Waldes », une pièce musicalement exigeante et entraînante qui traduit avec brio la fascination romantique pour un mode de vie perçu comme libre et non conventionnel. La direction précise et pleine d’entrain de Dieter Müller a guidé le chœur avec assurance jusqu’à l’accord final harmonieux.
Dans la troisième section, les deux chœurs ont chanté ensemble – un magnifique symbole du pouvoir unificateur de la musique ! Anne Margaud a dirigé « Mon cœur se recommande à vous » d’Orlando di Lasso et « Calme des nuits » de Camille Saint-Saëns, tandis que Dieter Müller dirigeait le Psaume 42 (« Comme le cerf soupire après l’eau fraîche ») de Mendelssohn-Bartholdy. La puissance vocale franco-allemande combinée a eu un effet positif perceptible sur les passages forts, tandis que les mesures plus calmes étaient délicates et soignées, témoignant de l’expérience chorale des deux ensembles.

